France : 5G, interdite ou autorisée ? Qu’en est-il vraiment en 2025 ?

146 communes françaises devront retirer leurs équipements 5G Huawei avant 2028. Ce n’est pas une rumeur, ni une simple mesurette administrative : c’est la loi. Pendant qu’une partie du territoire surfe déjà sur le très haut débit, d’autres zones, elles, restent à quai, confrontées à des décisions réglementaires qui varient selon l’origine du matériel déployé. Résultat : la carte de la 5G hexagonale ressemble davantage à un patchwork qu’à une avancée linéaire. Les opérateurs, eux, naviguent au gré d’autorisations temporaires, surveillant l’échéance de chaque antenne installée. Les grandes villes comme Strasbourg et Brest profitent d’une couverture complète, alors que d’autres régions cherchent encore leur place sur la carte du réseau.

Où en est réellement la 5G en France en 2025 ?

La 5G s’impose comme une évidence sur le territoire français. L’Agence nationale des fréquences enregistre plus de 43 000 sites en service, tous types de bandes confondus. Paris, Lyon, Toulouse ou Marseille bénéficient d’une couverture quasi-complète. Pourtant, la fracture numérique résiste : si les grandes villes profitent d’une connexion rapide et stable, plusieurs zones rurales restent à l’écart. Moins de rentabilité pour les opérateurs, moins d’investissement : le très haut débit avance, mais à deux vitesses.

Trois bandes de fréquences constituent la colonne vertébrale du réseau : 700 MHz, 2,1 GHz et surtout 3,5 GHz, la plus performante. Les quatre opérateurs majeurs déploient chacun leur stratégie : certains misent tout sur la bande la plus puissante pour offrir des débits record, d’autres privilégient la couverture large afin d’atteindre plus d’usagers. Entre choix de la 700 MHz pour ratisser large et préférence pour la 3,5 GHz afin d’offrir la meilleure expérience possible, chaque acteur avance sur son propre tempo.

Dans les métropoles, le quotidien a déjà changé : streaming 4K fluide, jeux en ligne sans latence, objets connectés toujours plus nombreux. Les professionnels, eux, s’approprient des fréquences hautes pour booster robotique, logistique et réalité augmentée. Malgré tout, la course n’est pas finie : l’Agence nationale des fréquences martèle l’enjeu d’une densification continue, chez les particuliers et dans l’industrie, pour absorber l’explosion du trafic et les usages qui émergent.

Huawei : acteur incontournable ou source d’inquiétude ?

Difficile d’aborder la 5G sans évoquer Huawei. Le fabricant chinois a longtemps été le partenaire technique privilégié, surtout par certains opérateurs. Mais sur le terrain, la suspicion domine : à chaque nouvelle antenne, la question de la sécurité revient. La Commission européenne appelle à la vigilance, multipliant les alertes sur la résilience des infrastructures stratégiques.

En 2025, le visage du déploiement s’est transformé. Certes, les antennes Huawei existent encore sur le sol français, mais leur usage est strictement surveillé. Les réseaux réservés aux communications militaires, services étatiques sensibles ou chaînes industrielles critiques ont tourné la page des équipements venus de Chine. Pour ces segments, la préférence va aux fabricants européens ou américains quand la sécurité prime sur le coût.

Côté grand public, la prudence reste de mise. L’Agence nationale de sécurité des systèmes d’information multiplie tests et évaluations pour vérifier la résilience des réseaux existants. Il n’y a pas d’exclusion intégrale pour Huawei ou ZTE, mais une limitation stricte, avec un tri clair entre le stratégique et le grand public.

Ce que dit la réglementation française sur la 5G et les fournisseurs chinois

Le cadre français encadre précisément la 5G, surtout en ce qui concerne Huawei. Une loi spécifique, la fameuse “loi Huawei” (n° 2019-810), confère à l’Agence nationale de sécurité des systèmes d’information (ANSSI) un pouvoir central : chaque équipement sensible doit recevoir son aval, accordé pour une durée limitée seulement.

Cette procédure ne s’applique pas indifféremment à toutes les antennes, mais essentiellement aux carrefours stratégiques du réseau. L’ANSSI examine de près les risques pour la souveraineté numérique et la protection des intérêts majeurs. Les autorisations sont délivrées pour cinq à huit ans, pas plus. À échéance, il faut renouveler l’installation ou la démonter, selon la nouvelle doctrine du moment.

Le dispositif va plus loin pour certains segments : au sein des réseaux étatiques ou des opérateurs dits “d’importance vitale”, la règle est limpide, plus aucun équipement d’origine chinoise n’est admis. La France se positionne ainsi dans le sillage d’autres pays européens, restant prête à faire évoluer sa ligne le jour où le contexte l’exigera. De son côté, l’ARCEP surveille la scène, tentant de garantir équilibre entre exigence de sûreté et saine concurrence entre acteurs télécom.

Pour résumer, quelques principes structurent aujourd’hui l’environnement réglementaire :

  • Un passage obligatoire par l’ANSSI pour tout matériel jugé critique
  • Des autorisations à durée limitée, généralement cinq à huit ans
  • Les matériels chinois exclus systématiquement des réseaux étatiques et opérateurs vitaux

Avancées technologiques, sécurité et souveraineté : les enjeux qui dessinent l’avenir du réseau

La dynamique de la 5G déborde la question du débit ou de la simple couverture. L’intelligence artificielle s’infiltre dans toutes les strates du réseau : optimisation des flux, anticipation des pics, surveillance en continu de la qualité. Pour l’industrie, c’est un levier pour réinventer production, transport ou logistique. Les responsables publics, eux, gardent l’œil sur la question de la souveraineté technologique, cruciale dans la gestion des infrastructures critiques.

À l’échelle européenne, la pression monte pour affirmer l’indépendance technologique : moins de dépendance envers les équipementiers étrangers, renforcement de la sécurité, harmonisation des exigences de certification. Cette stratégie se traduit par la mise en place de consortiums industriels et de contrôles renforcés. Partout, les réseaux sensibles font l’objet d’une veille constante, avec une vigilance particulière face aux intérêts étatiques, militaires ou industriels prioritaires.

La France adopte une marche pragmatique, sans rupture soudaine ni grandes déclarations. L’ANSSI trace la ligne, les opérateurs avancent sur ce fil, innovant sous contrainte et investissant avec lucidité. À mesure que la 5G se conjugue à l’intelligence artificielle et que la cybersécurité devient une course permanente, la souveraineté numérique se joue à chaque étape. Plus le réseau évolue, plus il bascule d’outil technique à enjeu de puissance nationale. Reste à savoir qui donnera le tempo dans le prochain chapitre.

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